jeudi 16 avril 2009

Paul Forrest
Pionnier du journalisme latuquois et sans doute
seul caricaturiste véritable
de l’époque héroïque de la ville

L’AMI, volume 1, numéro 1, décembre 1946.

C’est donc Philip Valois qui m’a révélé l’identité de celui qui avait habilement tracé, en 1946, le portrait de six personnages en vue de notre ville, dans la première édition du petit journal L’AMI. Les dessins, plutôt sympathiques, sont du mystérieux BUL (prononcé «Buelle», adaptation du patronyme BUEL [1]), signataire de l’éditorial anglais du numéro initial du feuillet reproduit récemment.

Cet illustrateur de talent, c’est Paul Forrest, le grand-père de Philip. C’est lui qui, venu du Yukon, a lancé l’Imprimerie commerciale. Je reviendrai sur cet aspect de sa biographie. Forrest n’en était pas à ses premières caricatures, car il en avait produit plusieurs, parfois jugées assez irrévérencieuses, dans Le Courrier, le journal qu’il fonda ici, le 7 février 1918. Irrévérencieuses, c’est du moins ce qu’écrivit Lucien Desbiens dans sa brochure sur La Tuque [2].

On voit bien, au contenu des quatre pages de L’AMI de décembre 1946, que le sport occupe une large place dans le quotidien des gens. Forrest va donc se servir du monde du hockey pour esquisser en raccourci le portrait des six patineurs.

Voici quelques notes sur ces animateurs de la scène municipale latuquoise.

ÉMILE BÉLIVEAU
Le «barbier» a eu longtemps son salon de coiffure pour hommes à l’angle des rues Tessier et Saint-Joseph, dans l’édifice de l’hôtel Saint-Rock. Il a donc été sûrement le «confident» de ces types qui venaient s’y faire faire une petite trimme. Le coiffeur était le frère de Lucien Béliveau, le père de Marcel, l’homme aux milliers d’idées loufoques, le penseur derrière des émissions télévisées comme Surprise sur prise, entre autres. Le joueur de tours avait commencé sa carrière dans le domaine du spectacle à la station CFLM, au début des années 1960.

CHARLES CHAMPOUX
Il fut un homme d’affaires aux activités multiples dans toute la Mauricie : propriétaire de l’hôtel Saint-Roch, d’une compagnie d’autobus, de 1946 à 1955, promoteur immobilier qui participa au développement du quartier Bel-Air, entrepreneur chargé de l’entretien de la route 19 (devenue la 155) entre La Tuque et Rivière-aux-Rats.

OSCAR FONTAINE
Né à Saint-Hyacinthe en 1884, il fut l’un des pionniers de la ville où il est arrivé en 1908. Après avoir été mesureur de bois pour la Laurentide Paper, il fit construire, en 1911, le premier cinéma à La Tuque, le Royal, avant d’acheter, en 1923, le théâtre Empire, qu’il dota par la suite d’un équipement toujours à la fine pointe de la technologie. Il était apparenté à Paul Forrest par sa femme, Éveline Forrest.

FRANK SPAIN
Homme d’affaires né en 1886 à Corigliano, dans la province italienne de Calabre, il fut très actif au sein de la collectivité. Le souvenir le plus concret que l’on garde de lui est sans doute son imposant magasin à rayons des rues Commercial et Saint-Antoine, qu’il fonda en 1921. Dès 1937, la façade de l’édifice affichait une enseigne lumineuse. Le mot «NYLONS» qui apparaît sur son chandail de hockey est une référence au fait qu,Il était l’un des propriétaires de la compagnie St. Maurice Knitting Mill, installée dans le complexe Alcan, à l’entrée sud de la ville, qui fabriquait des bas de nylon. Avant de se lancer en affaires, il avait été à l’emploi de la Brown Corporation de 1910 à 1918.

ROMULUS DUCHARME (1886-1976)
Le député, c’est Romulus Ducharme. En décembre 1946, c’est déjà un vieux routier de la politique qui a participé à six campagnes électorales. Candidat conservateur défait dans Portneuf aux élections fédérales de 1921 et de 1925, il est finalement élu, en 1935, député de l'Action libérale nationale à l'Assemblée législative dans Laviolette. Il passé du côté des bleus de Maurice Duplessis et est élu député de l'Union nationale l’année suivante. Défait en 1939, il est de nouveau élu en 1944, en 1948, en 1952 et en 1956.

LUCIEN FILION (1914-1985)
Au moment de la publication de ce portrait, Filion est gérant de l’Aluminium Company of Canada et président de la Chambre de commerce. Auparavant, de 1937 à 1941, il avait été à l’emploi du bureau du procureur-général du Québec, puis directeur du corps de police de Ville-Racine en 1942, au cours des travaux de construction de la centrale hydroélectrique de Shipshaw.

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[1] Référence possible à l’écrivain et illustrateur américain James William Buel (1849-1920).

[2] Desbiens raconte brièvement l’aventure de ce journal hebdomadaire qui disparut à l’automne 1921. À compter de 1919, Forrest y avait inséré des caricatures qui n’avaient pas eu l’heur de plaire à tout le monde, surtout que sa publication contenait déjà des articles au contenu politique controversé
.
C’est à la demande d’Albert Tessier, directeur de la collection « Pages trifluviennes » (titre tout de même ambigu, car le sujet de plusieurs titres débordera des environs de la cité de Laviolette…) aux éditions du Bien public, que Desbiens, alors journaliste au quotidien montréalais Le Devoir, écrivit cette monographie. (Au cœur de la Mauricie, Trois-Rivières, Éditions du «Bien public», coll. «Pages trifluviennes», série A, no 8, 1933)

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Dans la livraison de janvier 1947 de L’AMI, à la page des «Sports», Forrest publie une autre galerie de portraits : Adonias Marchand, laitier de son métier, Adélard Pelletier, Garnet Adams, un certain Maurais, de la «freight shed» (section du fret du Canadien National), Philippe Germain, et un fragment d’un certain Slim, aux pattes démesurément hautes.

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Sur la Laiterie La Tuque, et d’autres des alentours, celles de Rosario Pelletier, de la ferme de la Brown Corporation, de Victor Lavoie, de Grande-Bostonnais, de Gérard Saint-Louis, de Lac-à-Beauce, d’Adrien St-Louis, de La Croche, des pages intéressantes et bien illustrées :
http://www.laiteriesduquebec.com/
http://www.laiteriesduquebec.com/laiteries/latuque.htm
qui rappellent de bons souvenirs aux anciens. La page consacrée à la ferme des Brown montre la photo d'une voiture tirée par un cheval. Le livreur est Louida Bernard.
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Hockey et autobus
Ironie du sort : un autobus de Charles Champoux à bord duquel
se trouvaient des hockeyeurs fut impliqué dans un accident de la route.

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lundi 13 avril 2009

Charité bien ordonnée…

… comme on disait au siècle dernier, commence par soi-même. Je m’empresse donc de mettre le principe en pratique !

Voilà.

J’ai participé à une émission sur la Mauricie qui sera télédiffusée à quatre reprises à la chaine TV5, dans la série J’Y SUIS, J’Y RESTE. Petite invitation à visionner cette belle production sur ma ville et ma région.

Voici les dates et les heures de diffusion.

Le mardi 14 avril, à 22 h 30;
Le jeudi 16 avril, à 9 h 30;
le vendredi 17 avril, à 19 h;
le dimanche 19 avril, à 8 h 30.

Merci à Micheline Roy Raîche, qui a déjà fait paraître cette annonce
dans son blogue sur Eugène Corbeil.
http://lbiographieeugenecorbeil.blogspot.com/

Je suis à terminer ma recherche pour la prochaine page de mon blogue consacrée à ce bloc de caricatures de personnalités latuquoises paru en 1946, dans L’AMI, petit journal bilingue édité à Windigo, un ancien dépôt de la Brown Corporation sur la Saint-Maurice.


Carolyne Nadeau et Philip Valois, de l’Imprimerie commerciale, qui avait imprimé le feuillet à l’époque, ont eu l’excellente idée de le reproduire dans une publication trimestrielle qui en a repris le titre.

Philip Valois, petit-fils du caricaturiste de L’AMI, et Carolyne Nadeau, de l’Imprimerie commerciale.
Philip a re
pris les rennes de l’entreprise de sa mère, Constance Forrest Valois, qui elle-même avait poursuivi les activités typographiques de son père, Paul Forrest, le fondateur.
Véritable institution quasi centenaire, l’Imprimerie commerciale est l’un des plus vieilles de la ville, sinon la plus ancienne.
Photo gracieusement fournie par Carolyne Nadeau.
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